Hayao Miyazaki est considéré par beaucoup comme le plus grand réalisateur de films d’animation japonais. Dessinateur hors-pair et admirable conteur, il est le cofondateur du Studio Ghibli. Sa carrière est jalonnée de véritables petits bijoux comme le Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké ou encore Mon Voisin Totoro. Mais pour en arriver là, Hayao Miyazaki n’a pas compté ses efforts. Comme nous allons le voir, rien ne lui a été donné. Il a construit sa réussite à force de pugnacité, s’occupant des années durant de tâches ingrates sur des séries obscures avant d’arriver à imposer son style et créer son propre studio d’animation que l’on admire aujourd’hui.

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Le Vent se lève

Ce film met en scène la vie romancée de l’ingénieur Jirô Horikoshi, l’homme qui fit entrer l’aviation japonaise dans une nouvelle ère. Enfant, Jirô passe son temps à rêver d’avions. Devenu adulte, il s’engage dans une société d’aéronautique et conçoit un appareil révolutionnaire qui deviendra un engin de mort lors de la seconde guerre mondiale.
→ Dernier film en date de Miyazaki, Le Vent se lève étonne par son ton résolument adulte et sa portée historique. Le réalisateur y dépeint de façon magistrale un homme complexe et passionné, amoureux et destructeur. Sans doute l’œuvre la plus personnelle Miyazaki.

Ponyo sur la falaise

Sôsuke est un petit garçon de 5 ans qui habite une maison construite tout en haut d’une falaise. Un jour en s’amusant au bord de l’eau, il découvre une étrange petite fille poisson rouge piégée dans un bocal. Fasciné, il la libère et décide de la garder avec lui. Ponyo aimerait vivre comme une vraie petite fille mais son père surgit des profondeurs et tente de la faire revenir de force…
→ Le 10ᵉ film de Miyazaki raconte avec tendresse et poésie l’histoire de deux enfants qui se lient d’amitié. Ponyo est une création artistique spectaculaire, tendre et captivante, recommandée à tous les enfants.

Le Château ambulant

Sophie, travaille du matin au soir dans la chapellerie familiale. Un jour, elle fait la rencontre de Hauru, un magicien énigmatique et séduisant. Une sorcière jalouse jette un sort qui transforme Sophie en une vieille femme. Apeurée, elle s’enfuit dans la montagne et croise un drôle de château.
→ Adapté d’un roman populaire pour enfants, Le Château Ambulant a reçu un accueil plus mitigé que ses précédents films. Sans retrouver le même état de grâce qu’un Chihiro ou un Mononoké, ce film est un émerveillement pour les yeux avec des décors somptueux et une mise en scène virtuose.

Le Voyage de Chihiro

Une jeune fille et ses parents sont en route vers leur nouveau domicile quand au détour d’un chemin, ils tombent sur ce qui semble être un parc à thème abandonné. Tandis que ses parents s’arrêtent à une échoppe, la petite Chihiro s’aventure seule dans ce lieu bien mystérieux.
→ Chihiro est sans doute l’œuvre la plus ambitieuse de Hayao Miyazaki. Ce conte moderne met en scène une petite fille qui va devoir trouver en elle les ressources pour survivre dans un monde où se mêlent le bien et le mal. Habile critique de notre société, ce film bouleverse par sa profondeur et son inspiration visuelle magistrale.

Princesse Mononoké

Le jeune prince Ashitaka est frappé d’une malédiction et doit quitter son village dans l’espoir de guérir. Dans sa quête il rencontre San, une jeune fille élevée par des loups et Dame Eboshi, chef de clan qui se livrent un combat acharné.
→ Film évènement à sa sortie, Princesse Mononoké est le premier film de Miyazaki a bénéficier d’une sortie mondiale. Ce long-métrage épique et parfois violent met en scène une lutte sans merci entre la civilisation et la nature et ses personnages d’une rare profondeur lui donne une dimension onirique. Chef d’œuvre absolu.

Porco Rosso

A la fin des années 1920, un pilote transformé en cochon décide de devenir chasseur de prime. Alors qu’il paraisse sur une petite île de la mer Adriatique, Porco Rosso est appelé à la rescousse pour libérer un groupe d’écoliers pris en otage par un terrible gang de pirates de l’air.
→ Porco Rosso, premier film du Studio Ghibli à sortir au cinéma en France, est un vrai film d’aventure haletant qui mêle humour, comédie et mélancolie. Les scènes de combats aériens sont remarquables. A noter également la prestation XXL de Jean Reno pour le doublage de notre cochon grincheux.

Kiki la petite sorcière

Comme le veut la tradition, la petite sorcière Kiki part vivre loin de sa famille et de ses amis. Passé l’enthousiasme et l’excitation des premières heures, elle doit rapidement trouver un toit et un travail. Problème, elle ne sait pas vraiment par où commencer. Et si elle utilisait son balai volant pour faire des livraisons?
→ Un an après Mon voisin Totoro, le cinéaste signe un nouveau chef-d’œuvre qui devient le premier succès populaire du studio. Avec ce film, Hayao Miyazaki met en lumière les espoirs et l’esprit d’indépendance des jeunes filles d’aujourd’hui. Une belle aventure pour un film intelligent et très positif.

Mon Voisin Totoro

Le film s’ouvre sur une belle et claire journée. Une camionnette chargée de meubles traverse un paysage bucolique et se faufile entre les rizières et les sous-bois verdoyants. Mei, Satsuki et leur papa découvrent avec bonheur leur nouvelle maison et les joies de la vie à la campagne. La rencontre avec une étrange créature va les faire basculer dans un monde fantastique…
→ Totoro est un conte moderne, véritable ode à la nature et à l’enfance. Ce film emblématique de l’œuvre de Miyazaki, d’une richesse inouïe et d’une douceur exquise, fait aujourd’hui partie intégrante de la culture populaire japonaise.

Château dans le Ciel

Pazu, un garçon qui travaille dans une cité minière, aide une jeune fille à échapper à un gang de pirates de l’air qui veut mettre la main sur le cristal de lévitation. Ensemble, Pazu et Sheeta vont vivre une aventure fabuleuse. Quel trésor vont-ils découvrir dans l’ancien royaume flottant de Laputa?
→ Destiné à un public plus jeune que Nausicaa, l’histoire de Laputa s’inspire de l’île flottante présente dans la 3e partie des Voyages de Gulliver. On retrouve tous les éléments qui ont fait le succès des films de Miyazaki : action trépidante, émotion, sacrifice de soi et humour, le tout enlevé par une mise en scène magistrale.

Le producteur Toshio Suzuki à propos de Hayao Miyazaki
« Miyazaki est un spécialiste de l’oubli. Et je crois que son secret de fabrication des films est lié à ça. Quand on a autant d’œuvres à son actif, normalement, on se base dessus pour le prochain projet, n’est-ce pas ? On mise sur sa technique et son savoir-faire, on les creuse, c’est vers cela qu’on se tourne en premier. Mais Hayao, non. Sa façon de relever le défi est celle d’un réalisateur débutant. C’est son originalité en tant qu’artiste. »
Dans le studio Ghibli, travailler en s’amusant, de Toshio Suzuki

Biographie de Hayao Miyazaki, le maître de l’animation nippone

Une enfance marquée par la maladie et la culpabilité

Hayao Miyazaki naît le 5 janvier 1941 à Tokyo dans le quartier de Akebono où il grandit avec ses 3 frères. Son père, Katsuji Miyazaki, travaille dans l’entreprise de son frère Miyazaki Airplane qui produit notamment les gouvernes pour les avions de chasse Zéro. Hayao se passionne dès son plus jeune âge pour les machines volantes, un thème récurrent dans son œuvre. 

Son enfance est marquée par la maladie et la culpabilité. La maladie de sa mère d’abord. Atteinte d’une tuberculose, elle est contrainte à rester alitée pendant 9 ans, de 1947 à 1955. La sienne ensuite. Gravement malade les premières années de sa vie, il ne peut s’empêcher de penser que c’est une erreur qu’il soit né. Il se sent coupable de causer bien des soucis à ses parents. Il garde le souvenir d’une enfance terne et moribonde. Bien élevé et obéissant, il réalise qu’il n’est que le reflet des attentes de ses parents. Le jeune Hayao est au fond timide, anxieux et peureux. Il trouve refuge dans la lecture des mangas d’Osamu Tezuka.

Le dessin comme seule échappatoire

Comme beaucoup d’autres enfants de sa génération, il découvre le manga avec Shin Takarajima (La Nouvelle Île au trésor, 1947), le premier succès d’Osamu Tezuka. Il se passionne pour ces aventures extraordinaires et développe un don prononcé pour le dessin. Au lycée, Miyazaki n’a qu’une échappatoire : dessiner toujours et encore des planches de mangas. Grand fan de Tezuka, il se garde pourtant de le copier. Un jour sa mère le met en garde :« La plus vilaine chose que tu puisses faire c’est copier le travail d’un autre ». Il se met en tête de trouver son propre style et dira plus tard ne pas même avoir esquissé un Astro Boy dans les marges de ses cahiers.

Il poursuit ses études en économie à la Gakushuin University, comme le souhaitent ses parents. Pendant ses quatre années d’études, il fréquentera les amphithéâtres le moins souvent possible, préférant dessiner, toujours et encore. Dès qu’il en a l’occasion, il passe des heures au zoo à dessiner les animaux.

Vivre de sa passion

A cette même période, il se rend fréquemment au cinéma. A 23 ans, il découvre le film d’animation russe Snezhnaya Koroleva (La Reine des neiges, 1957). Son destin s’en trouve changé et il décide d’embrasser le métier d’animateur avec pour ambition de surpasser ce qui existe. Miyazaki dira à de multiples reprises avoir voulu être dessinateur d’animation toute sa vie. Il décroche son premier job en tant qu’ intervalliste à la Toei Animation pour un salaire misérable. Il se force à quitter le bureau à 5h de l’après-midi pour se consacrer à la lecture et au dessin. Refusant d’être mâché par le studio qui l’emploie, il se garde cette parenthèse pour améliorer ses compétences et ouvrir son horizon. 

Peu après il devient secrétaire général de la petite entreprise Union. Il y fait la rencontre d’Isao Takahata avec lequel il cofondera le Studio Ghibli. A la naissance de son second fils, il change d’entreprise. Les horaires de travail sont tardifs, il dessine tous les jours jusqu’à minuit; le matin il a le temps d’accompagner ses enfants à la crèche et d’aller pêcher à l’étang du parc de Shakujii avant d’aller au travail.

Takahata, une rencontre qui change tout

Hayao Miyazaki et Isao Takahata se rencontrent au studio de production Tôei Dôga en 1963. Takahata est un membre important du studio qu’il a rejoint en 1959. Ils travaillent ensemble sur le film Horus, Prince du Soleil. C’est le point de départ d’une longue collaboration entre les deux hommes. Miyazaki s’accorde une petite parenthèse avec Le Chat botté de Kimio Yabuki (1969), une comédie burlesque et jubilatoire, adaptation libre du conte de Charles Perrault. Le projet lui offre beaucoup de liberté et il laisse libre cours à son imagination débordante. C’est une vraie bouffée d’air. Cette oeuvre est aujourd’hui considérée comme un véritable petit chef d’œuvre du manga Eigai, c’est-à-dire une animation enlevée et fantaisiste. 

Adaptation de romans célèbres pour les enfants

Takahata prend Miyazaki sous son aile. Ils rejoignent en 1971 le studio A Production et travaillent ensemble à l’adaptation pour la télévision de célèbres romans pour enfants. Pendant cette période fructueuse, ils réalisent les séries à succès Fifi Brindacier (1971) de l’auteur suédoise Astrid Lindgren, Heidi (1974), Marco (1976), ou encore Anne, la maison aux pignons verts (1979). Miyazaki se propose de réaliser un long-métrage basé sur la série Fifi Brindacier. Il dessine le storyboard et des aquarelles préparatoires mais les droits d’adaptation lui sont finalement refusés. Il imagine avec Takahata le concept original Panda Go Panda en 1972 qu’ils parviennent tous deux à produire et réaliser sous la forme de deux courts-métrages. Cette production est aujourd’hui considérée comme le prototype du film Mon Voisin Totoro.

Réflexions et innovations

Les deux hommes ne cessent d’échanger pendant et après le travail. Ils abordent aussi bien des sujets philosophiques que des aspects techniques lors de débats enflammés. C’est à cette période qu’ils s’intéressent à la question du mouvement avant/arrière dans l’image et ce sont eux qui parviennent pour la première fois à intégrer cette technique compliquée dans une animation. Disney leur emboîte le pas avec Le Bossu de Notre-Dame. Si bien que pour certaines scènes, on se demande si ce n’est pas Le Château de Cagliostro.

Les premiers long-métrages

En 1979, c’est la consécration. Hayao Miyazaki réalise son premier long-métrage, Le Château de Cagliostro. Inspiré de la série TV Lupin III / Edgar de la Cambriole, ce film d’aventure compte aujourd’hui parmi les grands classiques de l’animation japonaise. Après ce véritable feu d’artifice, Miyazaki retourne travailler sur des projets TV. Il a bien une idée de film mêlant écologie et science-fiction mais pas encore le budget nécessaire à sa réalisation.

Sur les conseils de Toshio Suzuki, rédacteur en chef du magazine Animage, Miyazaki crée une œuvre originale sous la forme d’une série de manga. Dès sa sortie, le manga Nausicaä de la Vallée du Vent se classe parmi les meilleures ventes et l’adaptation en film débute en 1983 avec le soutien de Tokuma Shoten, l’un des plus importants éditeurs du Japon. Produit par Takahata et réalisé par Miyazaki, ce film permet aux deux amis de gagner leur liberté et de fonder leur propre studio d’animation, le Studio Ghibli.

1985, la création du Studio Ghibli

Grâce au succès populaire de Nausicaä et le soutien financier de Tokuma Shoten, Hayao Miyazaki et Isao Takahata fondent le Studio Ghibli. Le premier film officiel du studio est Le Château dans le Ciel (1986). Les bénéfices sont intégralement réinvestis dans un la production de non pas un nouveau film mais de deux : Mon Voisin Totoro de Miyazaki et Le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata. Le pari est risqué, si le public n’est pas au rendez-vous le Studio Ghibli devra mettre la clé sous la porte. Les deux films sortent simultanément sur les écrans de cinéma en 1988. La suite de l’histoire est connue de tous, le studio poursuit son aventure pour le plus grand bonheur des amateurs de films d’animation.


Sources consultées

Starting Point: 1979-1996, de Hayao Miyazaki (Eng)
Dans le studio Ghibli, travailler en s’amusant, de Toshio Suzuki
Ghibli les artisans du rêve, de Ynnis Editions
Hayaho Miyazaki, Master of Japanese Animation d’Helen McCarthy (Eng)
Oeuvres Pré-Ghibli, Buta Connection
Oeuvres de Tezuka Osamu, Mangaverse

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